Arts Plastiques

Arts plastiques et BIG DATA – 24 heures dans ma vie

11 / 05 / 2020 | François Miquet

Au collège Jean Perrin de Vitry-sur-Seine, un établissement scolaire classé REP (Réseau d’Education Prioritaire), un projet a été mené en cours d’arts plastiques avec une classe de troisième autour de l’usage et de la représentation du big data dans une démarche sensible et créative.

Ce projet est parti de deux constats : le caractère très abstrait pour des élèves de collège de la signification du big data, de ce qu’il recouvre et l’impact que celui-ci influe sur leur quotidien. La difficulté d’appréhension de cette masse de données est soutenue par la difficulté de la représenter, de lui donner forme.

Au-delà, de cette ambition de vouloir donner forme au big data, il y a ces liens qui se tissent entre notre réalité concrète, notre vécu quotidien et ce ressort virtuel. Ces données numériques façonnent notre vision du monde et in extenso façonnent notre être au monde. Quelles sont les données numériques que je produis dans mes usages quotidiens ? Quelles sont les identités numériques que je génère par mes usages ? De ce fait, quelles traces numériques reste-t-il de moi lorsque j’évolue sur les réseaux sociaux ? Ai-je le contrôle sur les données numériques que je produis ? Quelle image de moi me renvoie ces données ?

La réflexion qui s’est engagée autour de la production de données massives à l’échelle de la classe à fait naître un questionnement autour de la représentation de soi-même dans un monde où le numérique transforme et démultiplie nos identités. Ainsi, s’emparer de ces questions en cours d’arts plastiques, c’est tenter de faire prendre conscience aux élèves de leurs habitudes numériques, les amener à se questionner sur leur rapport au monde.
La matière première du projet - BIG DATA et Arts Plastiques - 24 heures dans ma vie - est, avant toute chose, le quotidien des élèves. Ce qu’ils font, leurs actions, leurs gestes, leurs déplacements, leurs mouvements, ce qu’ils produisent, ce qu’ils créent. Ils en rendent compte ainsi, de façon directe, par leur corps.

En cela, il n’y avait pas de nécessité à travailler à partir d’un ensemble de données produit par un tiers mais a contrario que l’élève produise ses propres données de façon consciente. Or, ces informations sont produites par son corps, il en est le vecteur.

Le projet donne la possibilité à l’élève de réaliser un travail plastique qui engage son corps. Celui-ci est amené à référencer de la manière qu’il le souhaite dans la sphère de son quotidien la multitude de gestes, d’attitudes, de mouvements qu’il va effectuer.

L’élève est donc amené à penser à des mises en formes plastiques et numériques différentes selon le type de référenciation choisi (distance, température, luminosité, temps, sphère publique, sphère privée, etc…).

Au fur et à mesure de l’avancée du projet, une agrégation de traces, de mouvements, d’actions, d’éléments référencés, forme une représentation de ce que le big data a la possibilité d’être, à l’échelle de l’élève et de la classe.

François MIQUET
Enseignant d’Arts Plastiques
Collège Jean Perrin - Vitry-sur-Seine (94400)

 
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